Dans mon village: Portraits des travailleurs du confinement
Article publié le 13 avril 2020. Mis à jour le 01 mai 2020.
Les professionnels face à la crise du covid-19
Ma femme est infirmière à l’hôpital de Corbeil-Essonne, elle fait face à cette période humblement et dans l’ombre. La crise du coronavirus met en avant le travail difficile du personnel hospitalier. Et pourtant, les difficultés ne datent pas d’hier, elles sont juste exacerbées par les évènements.
Derrière les masques et les blouses, quand ils peuvent en avoir, les soignants sauvent des vies et sont en première ligne dans ce combat contre le virus.
La vie ne s’arrête pas pour autant et chacun s’adapte aux mesures de confinement. Dans les villes et les villages, les commerçants font vivre la France. Certaines professions restent indispensables au quotidien, même confiné, des français.
Dans notre village, la resistance s'organise.
Je suis photographe et j’habite à Seine-Port, petit village de Seine-et-Marne qui comporte plusieurs commerces de proximité. Mon activité n’est pas vitale pour la population et je dois donc rester confiné à la maison.
Autour de moi, les commerçants continuent d’exercer leurs métiers. Horaires restreints, protections sanitaires, vente à domicile, les professionnels bravent les difficultés et s’adaptent pour subvenir à nos besoins.
En respectant chaque mesure drastiquement, j’ai profité de mes quelques sorties hebdomadaires autorisées pour réaliser leurs portraits photos.
Nous vivons un moment tristement historique. Il est important pour moi de garder une trace photographique et de rendre hommage à ces travailleurs sans qui rien ne serait possible.
Pour leur rendre hommage, voici les portraits de ces travailleurs du confinement.
Portraits de nos acteurs du quotidien
Sébastien tient la "Petite boucherie" à Seine-Port. Ses produits sont de grande qualité. Il a adapté ses horaires et installé un carreau de plexiglass au niveau de sa caisse. "On ne savait même pas qu'il y avait une boucherie dans le village!" m'a t'il rapporté d'un de ses clients. La boucherie est bien achalandée et permet de conserver un lien social.
Nadine est vendeuse à la boulangerie. Masque et gants sont de rigueur. Un écran de protection bricolé avec du cellophane permet d'ajouter une barrière entre ses clients et le poste de caisse. Malgré les craintes, ce commerce reste un point central du village. Nadine et sa collègue Christelle se relayent pour servir les seine-portais.
Clarisse s'occupe d'un bar-tabac-restaurant. Habituellement la jolie terrasse en plein bourg est ouverte et la salle de restaurant accueille les clients pour déjeuner ou dîner. Actuellement, seule la partie tabac reste active. Rideaux baissés, ce point de rencontre seine-portais est très affecté. [MAJ du 01/05/2020] Depuis quelques jours, la cuisine a retrouvé de l'activité en proposant des burgers à emporter sur commande.
Julien est restaurateur. Dans son bar à vin, le "Dix-huit", il profite habituellement d'une belle salle et d'une terrasse. Il propose des vins subtilement sélectionnés et une carte renouvelée fréquemment. Il organise régulièrement des évènements qui animent le village. Le restaurant ayant complètement fermé, il s'est adapté malgré tout en proposant des livraisons à domicile.
"Momo" s'occupe de l'épicerie avec ses deux collègues. Ce commerce de proximité est indispensable à la vie du village. Ouvert tous les jours, rares sont les produits qui manquent. Les fruits et légumes sont servis avec des gants afin de limiter les risques de propagation. Masques et gel hydroalcoolique complètent la panoplie.
Rémi est un agent chargé de l'entretien de la station d'épuration de Seine-Port. Comme il le dit, "il est impossible d'arrêter les stations". C'est un acteur de l'ombre. Un roulement s'est organisé avec ses collègues pour maintenir l'activité et le bon déroulement de l'épuration des eaux.
Laëtitia, Véronique, Nadège, Nathalie et Ruffin sont en première ligne face à cette crise sanitaire. Personnels soignant dans l'EHPAD de Seine-Port, leur rôle est primordial pour maintenir les soins et l'accompagnement des résidents. Les mesures d'hygiène sont renforcées pour protéger cette population fragile. Les visites sont interdites. La surcharge de travail est importante et demande beaucoup de courage à ces professionnels de santé.
Sylvain est chauffeur de bus dans l'agglomération. Sans lui, impossible de se déplacer pour les personnes non véhiculées. Son métier est un maillon essentiel dans le quotidien. Les passagers montent désormais par l'arrière évitant le contact avec le chauffeur. Les distances de sécurité doivent être respectées dans le véhicule.
Franck est le facteur de la commune, lui et ses collègues maintiennent le lien avec l'extérieur. Le bureau de poste est fermé et le courrier est délivré les mercredi, jeudi et vendredi. La livraison de colis est multipliée par 3 ou 4 et prend une importance supplémentaire avec cette crise. [MAJ du 01/05/2020] Le bureau de poste a réouvert sur certains jours à des horaires restreins.
Magali est restauratrice pizzaïolo au "Colimaçon". Elle prépare de gouteuses pizzas. Sa belle terrasse ainsi que la salle sont fermées pendant la crise et ses employées au chômage technique. Elle propose en livraison ou drive ses pizzas via une plateforme en ligne afin d'éviter les contacts. Malgré la forte baisse d'activité, elle oeuvre pour une association qui délivre bénévolement des plats aux hôpitaux des alentours.
Philippe, Gérard et Geoffrey, sont éboueurs sur la commune. Leur profession ne connaît pas d'arrêt. Ils sont les héros du petit matin, qui discrètement, nous libèrent de nos déchets. Très exposés, leurs équipements de travail diffèrent pourtant peu des habitudes. Seul le masque FFP2 vient ajouter une protection supplémentaire, quand il est porté.
Nader est chauffeur livreur. Les établissements en activité ont besoin d'être approvisionnés. La livraison est le point de départ de chaque commerce. Sans ce métier, le quotidien de toutes les autres professions serait presque impossible et pourrait mettre des vies en danger. Nader porte un masque car il est en contact avec ses clients.
Caroline est crémière. Elle sillonne la région avec son camion « L’Antre Deux » pour proposer un choix avisé de fromages et produits laitiers. Dans un premier temps sa crémerie mobile a pris de plein fouet la crise, puis elle a retrouvé son emplacement à Seine-Port après accord de la mairie. Caroline met un point d’honneur au respect des gestes barrières des deux côtés du présentoir. La clientèle, fidèle, est au rendez-vous.
Le centre équestre de Seine-Port ne connaît pas de baisse d’activité . Carine et Jean-Pierre préparent Dionysos et Candy. Le reste de l’équipe constituée de Tiffany, Romain et Cyril veillent également à la santé de ces équidés. Les propriétaires ne pouvant plus se déplacer, ils redoublent de travail pour entretenir et entraîner les chevaux et poneys qui leur sont confiés. Leçons et stages sont cependant arrêtés jusqu’à nouvel ordre.
Le secteur du BTP a été très touché. Afin d’éviter le risque de circulation du virus, certaines sociétés présentant de nombreux effectifs ne pourront reprendre avant un certain temps. Meddy et Joâo viennent de Montargis (45). Leur entreprise à taille humaine permet depuis quelques jours la reprise du travail pour avancer des chantiers de particuliers. Leurs horaires ne changent pas, mais ils appliquent scrupuleusement les mesures de protection.
S’il y a bien des métiers indispensables en ce moment, celui de Salah en fait partie. Il gère un garage à l’entrée de Seine-Port. Les professionnels en première ligne se déplacent principalement en voiture. Ce garagiste assure le bon fonctionnement et la réparation du moyen de locomotion principal des français. Ses trois employés sont au chômage technique jusqu’au déconfinement annoncé au 11 mai 2020.
Constant et Jean-Louis ont repris récemment l’entretien des espaces verts. Élagages, désherbages et tontes ne peuvent pas attendre très longtemps, surtout au printemps. Ces agents municipaux sont essentiels au bien-être des villageois. Leur travail est un éternel recommencement, tout au long de l’année, au fil des saisons. À la fin du confinement, les parcs seront prêts pour accueillir de nouveau les enfants des habitants.
« Stef » l’apiculteur du village produit un miel de grande qualité, cette année sera exceptionnelle selon lui. Les abeilles ne chôment pas. Cette crise sanitaire paraît bénéfique pour la vie de la ruche. Stef pense récolter un miel exceptionnel cette année. Il prend le maximum de précautions au quotidien car il ne peut pas se permettre d’abandonner ses butineuses.
Virginie est une talentueuse fleuriste. Ce 1er mai 2020, à l’extérieur de sa boutique « Les Jolies feuilles », elle propose, sous forme de drive, des pots de muguet de production française. Puis bouquets ou créations florales pourront être commandés et prépayés afin d’éviter tout contact. Elle offre une lueur d’espoir pendant cette période complexe. Cette fête du travail en plein confinement a un goût particulier mais ce muguet, bien odorant, réjouit les âmes. Aucun masque, gant ou gel hydroalcoolique ne ternira ces pensées positives.
a ces métiers, merci.
Je tenais à remercier ces professionnels, ces « travailleurs du confinement » qui m’ont autorisé à les photographier pendant leur exercice. Vous permettez aux français de continuer à vivre et vous méritez d’être mis en avant, pendant, et après cette période difficile.
Je m’excuse pour ceux que je n’ai pas représenté, les mesures et contraintes de confinement ne me permettent pas de m’éloigner de mon domicile. Je me suis donc cantonné aux acteurs exerçant à proximité de mon lieu d’habitation dans notre village.
Sachez aussi, et n’oubliez pas que ces personnes travaillent également toute l’année avec ou sans crise sanitaire.
Prenez soin de vous et de vos proches. Ne perdez pas la tête.
N’hésitez pas à partager cet article. Merci à vous.
V.W.
Merci de les avoir mis à l’honneur, ils le méritaient déjà bien avant la crise, qui met en lumière » le fzit qu’ils nous sont indispensables. La prochaine fois, il ne faudrait pas oublier les aides à domicile, femmes de ménage ou jardiniers) qui viennent chez nous, les personnes âgées (j’ai 82 ans)… sans eux sans leur visite professionnelles et chaleureuses, nous sommes encore plus isolées. Merci à tous et toutes et tous sans qui la vie ne serait pas ce qu’elle est.
et encore merci pour tous ces beaux portraits
Merci Claude, votre commentaire me touche beaucoup. Si j’en ai l’occasion je n’hésiterai pas à proposer un portrait de ces acteurs que vous évoquez. Merci encore pour vos suggestions et prenez soin de vous.
Bravo pour cette page ces belles photos ces hommages et votre dévouement ça fait plaisir à voir. Bonne continuation
Merci Vince pour ce témoignage social essentiel qui remet à l’honneur les vraies valeurs de l’humanité.
En espérant, sans trop d’illusions…que cette crise permettra une revalorisation de toutes ces professions indispensables et souvent méprisées et nous incitera à réévaluer nos priorités et nos modes de vie.